Vue vers l'ouest du clocher de l'église de la municipalité de Lotbinière (voir l'orginal)
Photo 1189 - SPHSL

Daigle

par Claude Crégheur

Voilà bien une famille dont le patronyme ne suggère pas une origine germanique. Et pourtant, l’ancêtre Johann Deigne/Degme fut l’un des rares étrangers à la France à venir s’installer en Nouvelle-France vers 1668. Il est probable qu’il soit arrivé comme matelot. Étant de religion luthérienne, il a dû abjurer cette hérésie le 6 décembre 1668 à Québec. Mgr de Laval ne voulait sûrement pas d’un protestant dans sa ville car cette abjuration n’avait rien à voir avec le fait qu’il aurait voulu se marier étant donné que cet événement ne se produira qu’en 1685. Il est vraisemblablement originaire de Vienne en Autriche. Lors de son mariage, on apprend qu’il était le fils de Georg Deigne et Maria Chavin. À cette époque, Wien (nom allemand de Vienne) est la capitale du Saint-Empire romain germanique. Et la Guerre de Trente Ans (1618-1648) crée beaucoup de remous et de tension entre les catholiques et les protestants et l’Empire sort de cette guerre complètement dévasté. Johann est né vers 1649, à la fin de cette guerre. C’est donc dire qu’il était très jeune lorsqu’il est arrivé en Nouvelle-France.

Vienne vue du ciel depuis le Nord. Copie à l'identique datant de 1640 d'une première gravure de 1609. http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Vienna_austriae_detail.jpg

Il s’est marié le 5 novembre 1685 à Charlesbourg et la veille, il s’était rendu, avec sa future épouse Marie-Anne Proteau (Etienne & Marguerite Seguin), chez le notaire Paul Vachon pour contracter mariage. Le couple s’est installé au Bourg-Royal où Ils ont eu 7 enfants entre 1686 et 1698.

Moulin des Jésuites à Charlesbourg (www.trait-carre.org)

 Jean (1686-1686)

André (1688-1727) a épousé Marie-Thérèse Proulx le 9 novembre 1711 à Neuville

Jacques (1691-1731) a épousé Catherine Aubier vers 1717 en Martinique

Etienne (1693-?) a épousé Suzanne Desperon en 1722 en Louisiane

Jean (1694-?)

Marie (1696-?) a épousé Louis Richard le 13 juillet 1716 à Québec

Jean-Baptiste (1698-?)

Jean Deigne dit Lallemand est décédé à l’Hôtel-Dieu de Québec le 26 août 1699 âgé d’environ 50 ans. Sa veuve s’est remariée à Charlesbourg le 16 juillet 1703 avec Pierre Vilde dit Lespagnol, avec qui elle a eu 3 autres enfants. Finalement, elle a convolé en troisième noces avec Nicolas Cornière le 17 août 1716 à Québec. Marie Proteau est décédée le 17 décembre 1742 à Québec âgée d’environ 80 ans.

Les Daigle en Louisiane

Je reprends ici un texte tiré du site http://www.genealogie.org/famille/daigle/descendance-qc-louisianaise.htm sur la descendance Daigle dit Lallemand en Louisiane.

On ne sait pas dans quelles circonstances, mais on retrouve Étienne en Louisiane d’abord par son mariage à Suzanne Desperon en 1722 puis à la Côte des Allemands (région qui borde le Mississipi des deux côtés à quelques 30 kilomètres au nord de la Nouvelle-Orléans) en 1724. Marie-Josephe, sa fille aînée, épouse un Français de Grenoble, Jacques Roman, et leur descendance constituera l’aristocratie créole de l’époque : riches propriétaires fonciers, juges, diplomates et même gouverneur de la Louisiane. En effet, André-Bienvenu Roman, petit-fils de Marie-Josephe a été élu à deux reprises à ce poste avant la guerre de Sécession. Son frère Jacques-Télesphore a fait construire pour son épouse le riche domaine de plantation qu’on a nommé Bonséjour et qui fait face au Mississippi à Vacherie au sud-ouest de Baton Rouge. Alfred, fils d’André Bienvenu a été juge, écrivain (biographe du Général P.T. Beauregard) et éditeur. Un herbier d’algues séchées datant de 1876 fait d’ailleurs partie du fonds d’archives de l’association Daigle dit Lallemand.

Deux fils d’Étienne «Marlborough», Étienne II et François, perpétuent la descendance en Louisiane pour le premier et, possiblement, en Arkansas pour le second. Par contre, Étienne III épouse Marie-Anne Taillon au fort Saint-Louis, Missouri. Cette famille revient en Louisiane vers 1800 et s’établit à Opelousas dans St Landry Parish. Leurs descendants sont parmi les premiers défricheurs de Church Point (Acadia Parish, au sud d’Opelousas) où l’on retrouve le plus de familles Daigle dit Lallemand en Louisiane. Notons ici que le plus grand défenseur de la langue Cajun de Louisiane a été Monseigneur Jules Daigle (dit Lallemand). En 1984, il a publié son Cajun Dictionary et, en 1992, le Cajun Self-Taught, une étude de fond sur les mots et les phrases de la langue Cajun.

Pour plus d'informations communiquez avec l'Association de la Famille Daigle (site louisianais ) : www.lloyddaigle.tripod.com

Les Daigle en Lotbinière

C’est par son fils André que sa descendance s’est retrouvée à St-Antoine-de-Tilly et que le nom Daigle dit Lallemand y a pris racine. Il a épousé Marie-Thérèse Proulx (Jean Prou et Marie-Catherine Pinelle) le 9 novembre 1711 à Neuville. Des jumeaux sont baptisé à Neuville en 1713 et à partir 1714, on retrouve la famille à St-Antoine-de-Tilly. Ils ont eu 8 enfants :

Marie-Thérèse (1713-1713)

François de Sales (1713-1713)

Charles-François  (1714-1769) a épousé Marie-Anne Roger le 4 février 1737 à St-Antoine-de-Tilly

Marie-Françoise (1716-1755) a épousé Jacques Costé le 24 avril 1747 à St-Antoine-de-Tilly

Joseph (1719-1778) a épousé Marie-Geneviève Boucher le 13 novembre 1741 à St-Nicolas

Marie-Thérèse (1721-1758) est restée célibataire

Jean-François (1723-1799) a épousé Marie-Marguerite Boucher le 22 février 1751 à St-Antoine-de-Tilly. S’est remarié à Marie-Augustine Bergeron le 3 août 1778 à St-Antoine-de-Tilly

Jacques (1726-1798) a épousé Marie-Félicité Baron le 26 février 1748 à St-Antoine-de-Tilly. S’est remarié à Marie-Louise Martel le 1er mars 1756 à St-Antoine-de-Tilly. Cette famille est partie s’installer à St-Denis-sur-Richelieu

André est décédé le 11 avril 1727 alors que son épouse Marie-Thérèse l’a suivi dans la mort beaucoup plus tard soit le 24 octobre 1758, elle était née le 16 août 1690 à Neuville.

Les quatre fils d’André et de Marie-Thérèse ont perpétué le nom Daigle dit Lallemand. Le dit Lallemand est finalement tombé pour ne laisser place qu’à Daigle dans notre région. On les retrouve dans toutes nos municipalités.

On pourrait peut-être se plaire à croire que certains descendants de Johann Deigne/Degme avaient la fibre marine car plusieurs Daigle de Saint-Antoine-de-Tilly ont gagné leur vie en sillonnant le fleuve. On peut nommer Jean-Baptiste (1876), Baptiste (1888), Xénophon (1895), Omer (1914) et Adalbert (1959).

Quelques photos

On voit ici Paul Daigle, fils de Nérée Daigle et Odiana Auger en train d’aiguiser son sciotte. Nous sommes en 1942 à St-Édouard-de-Lotbinière.

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Albert Daigle (1880-1948) a été le premier à posséder un autobus qui faisait la navette entre Ste-Croix et Lévis dans les années 30-40. Il a aussi été boulanger à Ste-Croix.

 

Antoinette Daigle (1896-1980), elle fut infirmière et gérante de banque. Elle fut également la première femme à posséder une automobile à Laurier-Station. Elle avait épousé Omer Boutin, commerçant, le 24 octobre 1935 à St-Flavien.


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Henri Daigle (1905-1963) et Régina Roy (1906-2003) partent en voyage de noce suite à leur mariage le 2 octobre 1928 à St-Flavien. À cette époque, le train est largement utilisé pour tout voyage. Henri était le frère d’Antoinette Daigle ci-dessus.


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Références

Banque iconographique de la société Patrimoine et histoire des seigneuries de Lotbinière (PHSL)

www.ancestry.ca

www.genealogiequebec.com

Et du fleuve jusqu’à la fin des terres…1702-2002 Saint-Antoine-de-Tilly, Lise Drolet-Michaud, Solange Bergeron, La Plume d’Oie Édition, 2002

Dictionnaire des souches allemandes et scandinaves au Québec, Claude Kaufholtz-Couture et Claude Crégheur, Éditions Septentrion, 2013

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